Le monde de l’art s’agite autour de la restauration du retable d’Issenheim

1-Grunewald detail de la tentation de St Antoine 1512-1515

Source AFP

COLMAR — « Imprudence » ou « intervention mûrement réfléchie »: le monde de l’art s’agite autour de la restauration du retable d’Issenheim, chef-d’oeuvre du gothique finissant, au musée Unterlinden à Colmar.

« Il est possible que cette restauration soit une menace pour ce chef-d’oeuvre de la peinture européenne« , avance Didier Rykner, directeur de la revue La tribune de l’art, relayé par quelques médias. Il va même plus loin, se demandant: « Est-il nécessaire de restaurer? » Le site de la revue pointe en effet un « risque », affirmant que « l’opération n’est pas entourée de tous les avis et études possibles ».

Il s’agit d’une « intervention mûrement réfléchie », rétorque Pantxika De Paepe, conservatrice en chef du musée, jointe par l’AFP. « Il ne s’agit certes pas d’un chef-d’oeuvre en péril et la couche picturale ne se soulève pas, mais les couleurs, dont le manteau gris métallique de saint Antoine ou le ciel bleu se devinent plus qu’ils ne sont visibles », explique-t-elle.

Mondialement connu, le retable (3,30 m sur 5,90 m) représente sur ses onze panneaux de tilleul la vie du Christ et celle de saint Antoine l’Ermite, guérisseur du « mal des ardents », un champignon parasite de l’ergot de seigle.

La restauration de l’un des panneaux s’est déroulée du 6 au 10 juillet devant les visiteurs du musée. Florence Meyerfeld, l’une des deux restauratrices, précise à l’AFP qu’il s’agissait « d’atténuer le voile jaune qui s’est déposé avec le temps sur l’ensemble du polyptyque ».

Mais Didier Rykner s’étonne de cette restauration express entamée dès le lendemain d’un avis d’une commission scientifique.

La direction du musée répond que « les restauratrices qui ont déjà travaillé sur deux autres retables savent qu’il faut aller vite pour ne toucher que les couches superficielles et pas la couche picturale ».

L’amincissement des vernis « va permettre de découvrir la gamme chromatique de Grünewald », qui sera étudiée après l’été par un comité scientifique composé d’experts du célébrissime retable et d’historiens d’art, est-il précisé.

Le courrier envoyé à Colmar par la directrice des musées de France, Marie-Christine Labourdette, qui se serait inquiétée de la restauration, n’est pas comminatoire comme cela a pu être suggéré dans la presse, mais prend date, estime la conservatrice.

La restauration est arrêtée « comme prévu dès le départ », affirme-t-elle, car « il s’agissait de voir le résultat sur un premier panneau restauré pour décider de la marche à suivre ». Mme De Paepe réfute aussi le reproche de jouer à l’apprenti-sorcier, alors que La tribune de l’art évoque « un tâtonnement peu scientifique ».

Chef-d’oeuvre du peintre allemand Matthias Grünewald, achevé en 1516, le retable est la pièce maîtresse du musée Unterlinden, installé dans un ancien couvent dominicain. Il va s’agrandir d’ici 2013 en colonisant le bâtiment de style Art Nouveau des anciens Bains municipaux de Colmar.

La convention de financement de la restauration du retable a été signée en avril. Le coût, estimé à 341.000 euros, doit être pris en charge par l’Etat et la région, la Société Schongauer, la Fondation du patrimoine et des mécènes.

(détail de l’un des panneaux du Retable d’Issenheim « La tentation de St Antoine »)



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